A la découverte du portfolio et du parcours de cet artiste de 41 ans qui passe avec brio de l’ordinateur à l’iPad. daub.jp
Quel est votre parcours ?
Sanpei Hirato : Au lycée, j’ai étudié la peinture japonaise et je me suis spécialisé en design à l’université. J’ai également étudié le dessin, la peinture à l’huile, la sculpture, la teinture, le travail du bois, la poterie, etc. Je pense que tout a contribué, petit à petit, à mes créations actuelles. Je pense que mon attitude envers la créativité m’est venue à l’esprit à force d’avoir étudié toutes ces choses.
Quel matériel utilisez-vous ?
Je réalise principalement mes illustrations en connectant une Cintiq Wacom à mon Mac. Récemment, je fais des illustrations avec l’iPad Pro et l’Apple Pencil.
Quel logiciel utilisez-vous le plus ? Quel est votre processus créatif ?
J’utilise principalement ClipStudioPaint. Il est pratique à utiliser ce qui est bon pour la production de mangas. Sur l’iPad, j’utilise une application appelée MediBang Paint. Tout d’abord, je trace une ligne avec un mouvement de main sans penser aux couches transparentes. Vous ne cherchez pas à dessiner quelque chose de précis, c’est plutôt un exercice, une routine qui fait que le stylo fait parti de votre corps. Lorsque vous dessinez une bonne ligne, vous pouvez passer doucement à la production de l’image tout en conservant la même sensation. S’il n’y a pas de bonne ligne de départ, il y a aussi des jours qui ne sont faits que de gribouillages… Dessinez un rough, dessinez-le un peu plus soigneusement, puis faites les contours et passez à la couleur.
Vous travaillez sur iPad depuis quelque temps. Pourquoi appréciez-vous ce processus ?
Je pense que l’avantage de dessiner sur l’iPad est qu’il permet de dessiner n’importe où. C’est merveilleux de pouvoir se déplacer dans un endroit frais en été ou un endroit chaud en hiver et de dessiner librement. L’iPad m’a libéré du bureau. En hiver, au Japon, le kotatsu* est indispensable, et dessiner sous un kotatsu en hiver est agréable. Et, si vous êtes fatigué, vous pouvez dormir en l’état. Un Kotatsu c’est ce qu’il y a de mieux !
* Un kotatsu est un support de bois de faible hauteur recouvert d’un futon ou d’une couverture épaisse, sur lequel repose un dessus de table. Le dessous d’un kotatsu est chauffé.
Avez-vous des sujets favoris ?
J’aime les illustrations et les mangas étrangers. Comme je suis fortement influencé par les bandes dessinées américaines, j’ai acheté des bandes dessinées traduites que j’ai trouvées sur le net. Je trouve que le monde peint par le français Nicolas de Crécy est très sympa et merveilleux. Je n’ai pas beaucoup d’informations parce que ce n’est pas traduit en japonais, mais j’aimerais en savoir plus. Il y avait une exposition intitulée Louvre no. 9 qui présentait des mangas au Louvre, et quand l’expo est venue à Tokyo, j’ai été ravi. Ce serait génial si je pouvais profiter de plus de production d’auteurs français. J’apprécie également Enki Bilal, et Jim Lee.
Aimeriez-vous aborder d’autres thèmes ?
Je m’intéresse beaucoup à la façon dont l’intelligence artificielle (IA) dessine de futures illustrations du futur.
Quels sont vos projets en cours ? À venir ? Qui sont vos clients ?
En ce moment, je réalise des illustrations pour des films. Depuis qu’Internet est devenu un média important, les demandes d’illustrations pour l’animation ont augmenté. Parmi mes clients, il y a également des agences de publicité et parfois des entreprises. J’accepte les commandes de toute sorte de client.
Quel est votre projet le plus important jusqu’à aujourd’hui ?
Ce qui est en cours est toujours le plus important. Ce qui est en construction est celui qui m’affecte le plus. Quand j’ai terminé, je suis très heureux car je vais commencer à travailler sur un autre projet et goûter de nouveau à ce bonheur.
Quelles sont vos influences ? D’où vous vient votre inspiration ? Comment le Japon influence vos créations ?
Mon style est influencé par les bandes dessinées japonaises des années 1980 et 1990. Il l’est également par les comics américains de la même époque. Il y a un peu de Dragon Ball, d’Akira et de Terminator, et d’autres encore. Il y a aussi bien sûr l’influence des couleurs naturelles et de la riche histoire de l’île où j’ai grandi. La préfecture de Nagasaki où j’ai grandi était une terre possédant une grande influence d’outre-mer et j’aime le fait qu’il y ait toutes ces influences mélangées, provenant de divers pays.
Pratiquez-vous d’autres types d’art ? Traditionnel par exemple ?
J’ai étudié divers types d’arts quand j’étais étudiant, mais maintenant je me concentre sur l’illustration. Le type d’illustration de Nicolas de Crécy est ce que je souhaite faire
le plus.
Une journée de travail idéale ?
La journée idéale est celle où je travaille sur des illustrations. Et, heureusement pour moi, la journée idéale, c’est tous les jours ! C’est tellement parfait de se lever le matin pour dessiner des illustrations et de pourvoir aller se coucher si on est fatigué. Et même les jours de repos, je peux dessiner ou dormir.
Quels sont vos mets japonais préférés ?
Mes aliments préférés sont le ramen, le curry et les sushis.
Quelle est l’étape la plus difficile dans le processus créatif ?
Lorsqu’on me commande une illustration, je peux transcrire les images que j’imagine par des mots, mais la première étape la plus difficile à comprendre est de visualiser dans ma tête ce que la personne en face de moi veut dire avec ses propres mots, je pense. L’étape de compréhension est la plus difficile. Une fois compris, vous pouvez l’imaginer et le dessiner. Si vous parvenez à l’imaginer alors ce sera fun à dessiner.
Quelques astuces pour un illustrateur débutant ?
Je pense qu’il est important de beaucoup dessiner car vos dessins deviendront meilleurs. C’est toujours bien de remplir plein de feuilles, mais plus vous vous entraînerez et moins vous remplirez de feuilles et donc tout ira plus vite. C’est pour cette raison qu’il est important de s’entraîner souvent. Au-delà de ça, les expériences du quotidien ont souvent une influence positive sur vos illustrations, inconsciemment, et on le remarque plus tard. Il est donc bon de vivre de nouvelles expériences.