Scott Kolins est un artiste qui a marqué le monde du comic par son travail sur les aventures de The Flash. Il est venu pour la première fois en France lors de Paris Manga 2017 en octobre dernier à la rencontre de ses fans grâce au partenaire Central Comics Paris.
Advanced Creation : Comment est venu l’envie de faire ce métier et comment vous vient votre inspiration ?
Scott Kolins : L’envie m’est venu en lisant mes premiers comics quand j’étais enfant. Grâce à des auteurs qui m’ont marqué mon enfance comme Mike Grill (ndlr : qui était aussi présent à Paris Manga) et tant d’autres dessinateurs/auteurs. Ce sont ces dessinateurs qui m’ont donné cette inspiration et l’envie de dessiner. Il n’y a pas de limite quand on dessine des comics. C’est pour cette raison que je me suis vraiment intéressé à ce milieu. C’est un domaine qui est très vaste, il n’y a pas de contrainte ou de règle. C’est un vrai plaisir. Je m’amuse réellement en dessinant avec mon propre style car il n’y a pas d’habitude
AC : On connait votre travail sur le comics The Flash. Quel est le style que vous aviez voulu utiliser dans cet univers ?
SK : La différence avec ma version de The Flash vient du fait que j’avais créé un style très fluide avec très peu d’encrage, un style qui devait être rapide. C’est un travail que j’ai effectué avant d’être sur The Flash. Je vais vous raconter une anecdote. Lorsqu’on m’a embauché pour The Flash, j’ai appelé l’éditeur en chef de DC Comics, Mike Carlin, pour savoir ce qu’il a attendait de « mon » Flash. Il m’a répondu d’utiliser un style qu’on n’avait jamais vu auparavant. C’est cette indication qui m’a conforté à adopter ce style et qui a donné le succès que l’on connait. Il y a aussi le travail de Geoff Johns sur le scénario qui est remarquable. Il a introduit beaucoup de personnages dans l’univers de The Flash. Ainsi, j’ai pu m’amuser en utilisant mon style autant que possible.

AC : Avec les différentes adaptations qui existent, films, séries ou jeux vidéo, est-ce que cela peut vous influencer ou vous obliger à puiser des éléments de ces cross médias pour les inclure dans votre style ?
SK : Prenons la série The Flash qui est diffusée actuellement. Elle a été influencée par l’univers qu’on a créé. Les fans de la série sont à la base fan du comics. Ceux qui ont découvert la série sont devenus fans du comics créant un cercle vertueux. Il y a aussi le fait que Geoff Johns soit président de DC Comics et producteur exécutif de la série. La création artistique ne diffère pas trop. Vous savez, à la création de la série, il m’a appelé pour savoir comment serait la chambre de Barry Allen ! Qu’est-ce que je mettrais comme éléments. Les objets qu’il faudrait y mettre. J’ai donc dessiné un préliminaire de ce à quoi pouvait ressembler la chambre de Barry. Geoff Johns a voulu que l’on ressente ce que les lecteurs du comics ont lu, que ce soit retranscris à l’écran. Donc je pense, pour l’instant, que ce sont les cross média qui sont influencés par notre travail.
AC : Préférez-vous travailler vos dessins sur papier ou en numérique avec une tablette graphique ?
SK : Je préfère travailler sur papier quoiqu’il arrive. Avant cette révolution technologique de la tablette graphique, j’ai toujours eu le souci du détail. J’ai toujours travaillé mon crayonné et mon encrage. On a toujours eu l’impression que c’était un travail fini. Maintenant, il y a les outils numériques comme Photoshop et autres. Je dessine très clairement de sorte que mon crayonné soit le plus précis possible, j’encre et je gomme les coups de crayon pour pouvoir scanner et terminer l’encrage. Mais, avant de scanner, la plupart du travail est déjà fait. Il ne reste plus que les détails comme les silhouettes. Je deviens encreur sans le vouloir car j’ai le souci du détail. Pour moi, ces outils sont avant tout un gagne temps plus qu’une révolution technologique.
AC : Dans ce cas, comment voyez-vous le futur de ce métier ? Sentez-vous qu’il faudra passer par ces outils numériques ?
SK : Je pense qu’on aura toujours besoin du papier pour réaliser un comics. Les scanners sont très performants. Ainsi, on dessine sur papier et on les scanne pour les faire encrer. Pour moi, l’utilisation d’une tablette graphique ne permet pas d’avoir ce coup de crayon qu’il y a sur le papier. C’est en travaillant sur un projet comics d’horreur que je m’en suis rendu compte. Pour ce projet, j’ai travaillé sur tablette graphique. On reconnait mon style mais au final on sent qu’il y a une différence. On sent que le papier n’était pas là.
AC : Vous travaillez sur quel logiciel et quelle tablette graphique ?
SK : J’utilise une ancienne version de Photoshop. Pour la tablette graphique, c’est une Cintiq. Je n’ai pas besoin de puissant logiciel ou de la dernière version car le numérique me sert juste pour les détails.
AC : Il y a différents Flash, la série Flash actuelle, la série des années 90, la version cinéma, la version dessin animée et la version jeu vidéo. Duquel de ces Flash vous sentez-vous le plus proche ?
SK : (Réflexion) Vous me posez une colle. J’ai deux approches. Lorsque je regarde la série actuelle, il ne serait pas juste de dire qu’il ne ressemble à mon Flash. Mais j’ai dessiné beaucoup de Wally West et le personnage de Flash dans la série lui ressemble beaucoup. À cause des prises de risque qu’il prend lorsqu’il sauve quelqu’un mais aussi par son caractère naïf. Alors que Barry Allen, c’est quelqu’un à l’ancienne. Un caractère dur, sévère et rigoureux. En somme, un vrai policier scientifique. Maintenant pour le ressenti personnel, la Justice League version dessin animée de Flash me correspond plus au point de vue caractère. Il est plus fun.
AC : Quelle est votre actualité ?
SK : Je travaille toujours pour le comics Blue Bettle de DC Comics. Et, vers la fin de l’année, une anthologie d’horreur va sortir sur laquelle je travaille avec plusieurs scénaristes et dessinateurs pour raconter des petites histoires d’horreur comme dans les années 50-60.
La rédaction remercie chaleureusement les organisateurs de Paris Manga notamment Claire Regnault, ainsi que Mike de Central Comics Paris, pour leur disponibilité, leur patience et leur amabilité. Scott Kolins pour sa gentillesse et surtout pour avoir réalisé un dessin pour les lecteurs d’Advanced Creation.
Interview réalisé par Hui-Ping PANH