La 18e édition de la Japan Expo vient de s’achever. À cette occasion, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Masami SUDA afin de faire une rétrospective de sa carrière dans le monde des animés japonais.
Il a pris un réel plaisir à nous raconter son parcours et nous fait l’honneur de dessiner ces deux personnages qui l’ont fait connaître.
Advanced Creation : D’après mes informations, cela fait 50 ans que vous êtes dans le monde des animés. Avec le recul, que pensez-vous de votre carrière?
Masami SUDA : Je vous avoue que je suis très heureux et très satisfait. Depuis que j’ai commencé ma carrière que ce soit pour « La bataille des Planètes », « Ken, le survivant » ou dernièrement « Yo Kai Watch ». Je n’arrive pas à encore imaginer que cela fait 50 ans (Rires).
AC : Y a-t-il des projets qu’on vous a proposés, que vous avez refusés et dont vous regrettez ce choix ?
MS : Oui, il y a eu beaucoup de projets que j’ai refusé. De très beaux projets, mais je n’ai pas regretté un instant. Vous savez, qu’on soit animateur ou chara-designer, notre rôle n’est pas juste de dessiner. Il faut que le manga corresponde à notre personnalité. Comme vous le savez sans doute, j’ai fait le générique d’ouverture de « Candy ». On m’a proposé de faire ce générique car on voulait qu’une personne extérieure à l’animé le fasse et qui ne soit pas du tout dans le manga Shōjo. C’était un pari assez marrant pour moi. Résultat, tout le monde était satisfait de mon travail (sourire) !
AC : Justement, vous avez fait le générique du manga de « Candy » et vous êtes le chara-designer de « Ken, le survivant » deux mangas totalement différents. Pour lesquels avez-vous apprécié de travailler ? Car je suppose que ce sont deux types et rythmes de travail différent.
MS : Je n’ai pas de préférence que ce soit pour un projet court comme le générique d’ouverture de « Candy » ou un projet long comme « Ken, le survivant ». Lorsque le projet qu’on me propose me plaît, je le fais de manière rigoureuse. Je me suis vraiment amusé à faire le générique de « Candy » parce que c’était quelque chose de nouveau pour moi. Pour chaque nouveau manga, je me mets dans la peau du personnage. J’imagine ses différentes réactions afin de mieux transmettre son énergie dans l’animé. Donc je vous laisse imaginer quand je me suis à réfléchir sur le personnage de Candy (rires).
AC : Vous faites partie de la vieille école où le travail se fait sur papier ou calque. Que pensez-vous des tablettes graphiques ? Utilisez-vous pour travailler ?
MS : Vous avez raison, je suis de la vieille école. Je continue à travailler ainsi et cela me plaît car lorsque vous regardez les animés d’avant on peut ressentir l’âme qui a été mise par le chara-designer. C’est vrai que graphiquement, dessiner sur une tablette graphique avec des ordinateurs puissants rend les animés plus beau à regarder mais on perd cette âme que mettait l’animateur. C’est une remarque que font souvent les puristes. Ils aiment voir l’âme des dessinateurs à l’écran.
AC : Avec tous ces animés, pour lesquels avez-vous apprécié de travailler avec le mangaka ?
MS : Dans tous mes projets, je me suis bien entendu avec les mangakas car ce sont eux qui donnent vie aux personnages et créent l’histoire. Nous avons la liberté de nous exprimer artistiquement tant qu’on ne dénature l’esprit du manga. Citer un mangaka serait injuste pour les autres. Mais c’est vrai que la relation entre le mangaka et les personnes qui gèrent l’animé est un peu différent. Il participe un peu plus à l’animation.
AC : Vous avez travaillé sur la saison 1 de « Yo Kai Watch », pouvez-vous me dire si vous avez continué à apprendre de nouvelle sur la façon de travailler?
MS : « Yo Kai Watch » est un nouveau genre d’animé sur lequel j’ai travaillé. Je me suis aidé du travail que j’avais fait sur les films « Pokémon ». Le style a été tout à fait nouveau pour moi car l’univers est très mignon (ndlr : il a utilisé le mot « kawai »). C’était une nouvelle expérience et j’ai bien aimé travailler sur ce manga.
AC : Quel est votre projet à venir ou en cours ?
MS : Je travaille actuellement sur un projet personnel où le personnage a une marque de chaussure sur sa tête. L’action se situe il y a 1300 ans de cela. C’est un livre pour enfants. Il devrait sortir cette année (sourire).
AC : Parmi tous les projets sur lesquels vous avez travaillé, quel est le personnage auquel vous vous êtes le plus attaché ? Ken, Lupin III, Marc de « La bataille des Planètes » ou un autre personnage?
MS : J’ai dû mal à choisir un personnage car j’ai tous adorés. Sinon, je n’aurai pas travaillé. Je pense que je les aime tous sans exception car à chaque fois je m’imagine dans leur rôle. Mais en y pensant, je dirais Marc de « La bataille des Planètes » car c’était l’un de mes premiers projets et j’ai mis pas mal de mon cœur dans cet animé.
La rédaction remercie chaleureusement les organisateurs de la Japan Expo, Charlotte Demougin de Game of com pour nous avoir organisé cette interview. Un grand remerciement de Masami SUDA pour sa gentillesse et pour avoir réalisé ce dessin pour les lecteurs de Advanced Creation !
Interview réalisée par Hui-Ping PANH, traduit par Emilie LECARRE.