Le portfolio quasi mystique de Lorenzo Gullino, aka captblack76 sur Fotolia est plein de mises en scène féeriques, belles et captivantes. Nombre de ses créations sont inspirées des contes de notre enfance, mais elles sont loin d’en être la version Disney ! Elles sont plus sombres, plus profondes. Nous lui avons parlé pour en savoir plus.
Lorenzo Gullino, pouvez-vous vous présenter, nous dire ce que vous faites, comment vous êtes devenu contributeur Fotolia et ce que vous aimez dans cette collaboration ?
Je suis un professionnel de la finance et j’ai la quarantaine. J’ai commencé la photographie pour les banques d’images par hasard. Mes études, mon diplôme et mes emplois précédents étaient complètement différents de ce monde, on peut même dire à l’opposé, parce que je devais gérer des investissements, des marchés, des fonds. Mais les chiffres m’ennuyaient. Il y a quatre ans, j’ai donc commencé à chercher autre chose. Ma petite amie trouvait mes photos plutôt bonnes et m’a conseillé de les vendre. Je me suis donc lancé. Avec le recul, je peux dire qu’elle avait complètement tort ! J’étais un bleu qui ne savait rien de la photographie et de la postproduction. Je ne me connaissais même pas en tant qu’artiste. Découvrir Fotolia a été une chance, parce que même si plus de la moitié de mes photos a été rejetée au début, cela m’a poussé à étudier et à apprendre de mes erreurs techniques. Il est désormais devenu facile de maintenir un niveau d’exigence et de qualité élevé. Ce que je préfère dans cette collaboration, c’est la liberté. Vous pouvez décider quoi, quand, où et comment créer vos images. Si vous avez bien travaillé, et avec un peu de chance, vos photos vous donneront satisfaction pendant des années.

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Votre portfolio présente de nombreuses photos sombres, gothiques, voire fantasy. Où puisez-vous votre inspiration ?
J’ai toujours été un lecteur avide d’histoires de vampires, de romans fantastiques et de livres de mythologie. Je me suis également beaucoup adonné aux jeux de rôles et à la peinture de miniatures. Je pense donc que mon esprit a été formé et éduqué à imaginer et à créer des mondes fantastiques et des réalités alternatives. Jamais je n’aurais pensé que ces passe-temps puissent un jour être utiles ! La musique classique est aussi une grande source d’inspiration pour moi, tout comme les bandes sons de certains films ou jeux vidéo. Je ferme les yeux et commence à rêvasser. Bien sûr, les artistes d’influence gothique et fantasy m’inspirent aussi, mais généralement j’essaie d’utiliser et de développer mes propres idées. Je me souviens que l’un de mes rêves d’enfance était d’écrire un roman de fantasy. Il semble que mon destin est de raconter des histoires fantastiques non par des mots, mais en image. Voir mes photos en couverture d’un livre d’horreur ou de fantasy me réjouit comme un enfant.

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Pouvez-vous nous confier quelques détails de votre processus créatif ? Comment préparez-vous une séance photo ?
Chaque séance photo est différente et, comme toujours, tout commence par une image dans ma tête. Je pense que les moments les plus créatifs de ma journée se limitent à quinze minutes après mon réveil et quinze minutes avant de m’endormir ! J’ai toujours un carnet sur ma table de chevet, sur lequel j’écris ces idées embrumées. Les détails viennent plus tard et prennent beaucoup de temps pour être mis en place. Je suis vraiment rigoureux et méthodique dans la planification de la séance photo, parce que je ne veux pas me perdre au cours de la session. Dans mon storyboard j’écris tout : l’équipement, les accessoires, les schémas d’éclairage et j’esquisse les poses du modèle, les expressions, les mouvements. Dans mon esprit, je sais déjà comment l’image doit être, je shoote et change d’angle jusqu’à être satisfait. Paradoxalement, tout planifier laisse mon esprit libre de se concentrer sur l’émotion et le sentiment du moment. Il est important de se laisser une certaine marge d’improvisation pendant le tournage. Par exemple, après avoir suivi mon script, je laisse toujours au modèle un certain temps pour évoluer librement, cela s’avère souvent payant. L’étape suivante est la postproduction. Je cherche à créer des atmosphères romantiques, éthérées ou sombres pour mettre en exergue la beauté féminine et l’élégance. Ce qui donne vie à une image est presque toujours la relation entre la lumière et l’ombre. Parfois, elles dansent ensemble, d’autre fois elles se combattent. Un autre facteur clé dans mes images est la couleur. J’adore la gestion des tonalités qui m’aident beaucoup à restituer l’humeur et le contraste que je souhaite. J’y passe donc beaucoup de temps. C’est un aspect qui me permet de faire d’une bonne photo une excellente image.

Y a-t-il un artiste qui vous inspire particulièrement ?
J’admire le préraphaélisme*, son esthétique dans la recherche du détail, des couleurs et le symbolisme de ses œuvres. Tenter de recréer la toile Ophélie de John Everett Millais a été un vrai challenge. L’univers féérique de l’illustrateur Arthur Rackham est également une référence pour moi. Son travail atteint un tel niveau de magie et est si archétypal que je pourrais passer des heures à admirer ses dryades, esprits des arbres et fées voler parmi les feuilles d’automne. Parmi les plus récents je citerais Brian Froud, à la vision plus sombre de ces créatures et John Howe, un autre maître du genre. Du côté de mes confrères chez Fotolia, l’un des premiers que j’ai admiré et suivi de près et que je considère comme une référence est konradbak. Ses compétences, ses idées et sa créativité sont phénoménales. Parvenir à ce résultat a été mon but depuis que j’ai commencé la photo pour les banques d’images.

Quelles sont vos images les plus vendues sur Fotolia ? Qu’est-ce qui fait leur succès par rapport aux autres à votre avis ?
L’image que je vends le plus sur Fotolia est… une cuisine. C’est étrange, mais quand j’ai pris la photo il y a un an, je savais qu’elle aurait du succès. Probablement pour son côté utile, net et ses couleurs attirantes. Je sais que c’est évident, mais cette image me permet de garder les pieds sur terre et me rappelle que dans les banques d’images beauté et utilité sont aussi importants l’un que l’autre pour les utilisateurs. Une autre image, Handsome fashion man undressing woman véhicule de nombreux messages comme la passion, l’amour, la sensualité et le mystère. Il est donc facile pour l’utilisateur de se l’approprier.

Y a-t-il une photo dans votre portfolio à laquelle vous être particulièrement attaché et pourquoi ?
J’aime Little red riding hood with a crossbow et toutes celles de la série « Red Riding Hood ». Elle est importante pour moi, car c’était la première fois que j’essayais quelque chose de différent, pas estampillé « banque d’images ». Je l’ai réalisée d’abord pour mon plaisir. Mais grâce à ce personnage j’ai pris conscience que ma passion et ma connaissance des contes et des genres fantasy et horreur pouvaient m’aider à créer et promouvoir mon propre style.
* Mouvement artistique né au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle dont le but était de rendre à l’art sa fonction morale, sans toutefois exclure l’esthétisme et tenait pour modèle la peinture des maîtres italiens du XVe siècle, prédécesseurs de Raphaël.

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