InDesign est un outil incontournable pour les artistes numériques et les professionnels de la mise en page. Avant d’utiliser ce logiciel, il faut en connaître les bases. Que vous soyez novice ou plus expérimenté, dans ce dossier vous ferez un tour d’horizon des fondamentaux d’InDesign afin d’approfondir vos connaissances.
InDesign est un logiciel de PAO utilisé par les professionnels de tous les pays. Mais la mise en page est une vieille discipline qui date de l’invention de l’imprimerie. Elle a son univers et son vocabulaire propre, et peut sembler obscure à première vue. C’est pourquoi, dans les pages de ce dossier, nous vous proposons de découvrir à la fois le fonctionnement de base du logiciel mais également quelques notions fondamentales de mise en page. Vous aurez ainsi toutes les cartes en main pour tirer le meilleur parti de la puissance d’InDesign et libérer votre créativité.
Personnaliser votre espace de travail
L’agencement de l’espace de travail est entièrement paramétrable. Par défaut, InDesign n’affiche que peu de palettes. Les autres palettes sont accessibles via le menu Fenêtre. Quand vous cliquez sur l’un des termes de ce menu, la palette s’affiche au centre de l’espace de travail. Vous avez alors la possibilité de la déplacer en cliquant sur son nom tout en maintenant le bouton de la souris enfoncé, et de venir l’ancrer dans la barre de droite pour constituer votre propre collection de palettes et les organiser à votre convenance. Vous pouvez également réduire la barre des palettes jusqu’à leur icône de manière à avoir plus de place pour travailler sur votre document. InDesign conservera votre mise en forme au démarrage suivant. Cependant, si vous êtes plusieurs à travailler sur un même poste, il peut être judicieux d’enregistrer la disposition de vos palettes. Pour cela, rendez-vous dans le menu Fenêtre> Espace de travail> Nouvel espace de travail. Donnez un nom à votre espace de travail dans la boîte de dialogue qui apparaît et validez en cliquant sur OK.
Le panneau Pages
L’interface d’InDesign est composée de quatre parties différentes: le menu, la barre d’options, la barre d’outils et les palettes.
• Le menu (1)
Dans la partie supérieure de la fenêtre se trouve le menu. Il comprend les classiques “Fichier”, “Édition”, “Aide”, mais également d’autres menus plus spécifiques que nous détaillerons plus loin.
• La barre d’Options (2)
Juste en dessous du menu vient la barre d’options. Elle dépend en grande partie de l’outil sélectionné, dont elle permet de modifier facilement un grand nombre de paramètres.
• La barre d’outils (3)
Elle comprend notamment les outils de sélection, de création et de transformation d’objets. Elle se situe par défaut dans la partie gauche de l’écran. Vous pouvez cependant la détacher pour la laisser flottante dans votre espace de travail ou l’ancrer à droite. La double flèche en haut vous permet de la dimensionner selon votre préférence sur une ou deux colonnes.
• Les palettes (4)
Dans la partie droite, les palettes permettent d’agir sur nos mises en page. Un clic sur le nom de l’une d’elles ouvre la palette.
Le document
Au milieu de tous ces outils se trouve votre document. Les documents ouverts sont visibles juste sous la barre d’options, sous forme d’onglets. L’espace blanc autour du document est appelé la table de montage. Vous pouvez y stocker des images ou des textes en attendant de les intégrer dans la mise en page. En haut et à gauche, il y a des règles graduées qui sont très utiles pour se repérer dans le document. Si elles ne sont pas visibles, vous pouvez les activer dans le menu Affichage> Afficher les règles.
Créer un nouveau document
Contrairement à de nombreux logiciels, avec InDesign, il est indispensable d’avoir une idée précise du document que l’on souhaite créer avant de commencer à travailler. Les dimensions sont bien sûr adaptables par la suite mais créer un document aux bonnes dimensions dès le départ est un gain de temps. Étudions en détail la fenêtre de création d’un nouveau document qui va déjà nous permettre de voir un certain nombre de notions. Pour ouvrir la fenêtre de création de document, allez dans le menu Fichier> Nouveau> Document.
• Le premier champ, “Document pré-défini” vous permet de rappeler des configurations que vous auriez enregistrées au préalable. Nous verrons par la suite comment procéder.
• “Mode” vous permet de choisir à quoi est destiné votre document : Impression, Web ou Numérique. Cela modifie un certain nombre de paramètres. Par exemple, en choisissant le mode Web, vous entrerez les dimensions de votre document en pixels et non pas en millimètres. “Nombre de pages” indique le nombre de pages à créer dans le document. Mais il est bien sûr possible d’ajouter ou d’enlever des pages au fur et à mesure de la réalisation du document.
• La case à cocher “Pages en vis-à-vis” vous permet de faire la mise en page des pages en regard l’une de l’autre, pour former ce que l’on appelle une planche.
Ceci est très utile pour les magazines, par exemple, où la maquette est conçue en double page. En décochant cette case, les pages se suivront. “N° de la première page” permet d’indiquer le numéro de la première page de votre document. Cela peut être utile dans le cas d’une mise en page étalée sur plusieurs fichiers. En cochant la case “Bloc de texte principal”, un bloc de texte va être ajouté au gabarit. C’est une option qui est utile lorsque vous travaillez avec des textes longs et plusieurs gabarits. Nous la verrons plus en détail dans les tutoriels consacrés à la création de livres. Dans la liste déroulante “Format de page”, vous pouvez choisir un format existant ou entrer directement ses dimensions dans les champs Largeur et Hauteur. Les deux boutons Orientation, à droite des dimensions, vous permettent de passer d’un document orienté en format Portrait (vertical) à un format Paysage (horizontal) et inversement. L’orientation est définie automatiquement en fonction des dimensions que vous entrez. Cliquez sur ces boutons pour échanger les dimensions de Largeur et de Hauteur du document.
• La partie “Colonne” vous permet de définir le nombre de colonnes que vous souhaitez dans votre page, ainsi que l’espace entre les colonnes, appelé “gouttière”. Bien entendu, la dimension de la gouttière n’a de sens que lorsque le nombre de colonnes est supérieur à 1.
• Les “Marges” sont des repères placés à l’intérieur de votre document et qui servent d’appui lors de la réalisation des mises en page. Pour voir les options de fond perdu et de lignes-blocs, il faut cliquer sur le bouton Plus d’options.
• Le “Fond perdu” est un espace à l’extérieur du document qui permet d’imprimer des objets situés aux bords du document (images ou fonds colorés, par exemple). Si on place une image tout contre le bord du document et qu’il y a un décalage au moment de la découpe, un liseré blanc disgracieux va apparaître le long de l’image. Pour s’en prémunir, on fait dépasser l’image du document. Ainsi un décalage lors de la découpe passera inaperçu.
• Les lignes-blocs sont des espaces réservés pour donner des instructions à l’imprimeur. Elles disparaîtront également quand le document sera coupé à sa taille finale. Une fois votre document créé, un code couleur vous permet de vous y retrouver dans les repères existants :
– Marges intérieures
– Limites du document
– Fond perdu
– Ligne-bloc
Parcourir votre document
Pour zoomer dans votre document, vous avez bien sûr la possibilité d’aller chercher l’outil Loupe dans la barre d’outils et de cliquer dans votre document pour zoomer, ou de cliquer en appuyant sur Alt/Cmd pour dézoomer. Mais vous verrez que ces quelques gestes pourtant simples deviennent rapidement très lourds.
D’autres méthodes existent, destinées à vous faire gagner du temps, vous choisirez celle qui vous convient le mieux à l’usage. En utilisant le raccourci Ctrl/Cmd + “+” pour zoomer et Ctrl/Cmd + “-” pour dézoomer, ou encore en maintenant la touche Alt/Opt et en actionnant la molette de votre souris vers le haut pour zoomer et vers le bas pour dézoomer. Dernière méthode : maintenez les touches Ctrl/Cmd+Espace. L’outil Loupe sera actif tant que vous maintiendrez ces touches enfoncées.
Se déplacer
De la même façon, pour vous déplacer dans votre document, il existe les ascenseurs horizontaux et verticaux en bordure du document, ou encore l’outil Main. Mais pour vous déplacer sans avoir à aller chercher ces outils, maintenez simplement la barre d’espace enfoncée. Vous verrez l’outil Main s’afficher tant que vous maintiendrez la barre d’espace enfoncée. Ainsi, en cliquant-glissant
(et en maintenant toujours la barre d’espace enfoncée), vous pourrez vous déplacer dans votre document.
Le principe des blocs
Dans InDesign, tous les objets que vous intégrerez seront compris dans des blocs, que ce soit du texte, une photo ou une illustration. Malgré leur nom, vous verrez que les blocs sont loin d’être uniquement rectangulaires. En réalité, ils peuvent prendre n’importe quelle forme. En théorie, il existe des catégories de blocs en fonction de ce que vous souhaitez y mettre mais en pratique, InDesign est tellement flexible de ce point de vue qu’il est inutile de vous en soucier.
La typographie
Pour utiliser correctement les fonctions de composition de texte mises à disposition dans InDesign, un vocabulaire de base est à connaître.
• L’empattement
Ce sont ces petites extensions qui terminent les jambages et les fûts des caractères de certaines polices. Ces polices sont dites “à empattements”. La traduction anglaise d’empattement est “Serif”. Une police sans empattements sera dite “Sans Serif” ou simplement “Sans”. Vous voyez en haut sur l’image une police sans empattements (Myriad) et en bas une police avec empattements (Times). Les empattements sont signalés en rouge.
• Le corps
Le corps d’une police est la taille des caractères. Il est exprimé en points (pt). Un point vaut 0,376 mm. Cette mesure ne signifie plus rien aujourd’hui, mais l’appellation est restée.
• L’approche et le crénage
L’approche et le crénage représentent les espaces entre les caractères. InDesign les différencie uniquement d’un point de vue fonctionnel. Le crénage est l’espace entre deux caractères. Il se règle en plaçant le curseur entre deux caractères. L’approche concerne un groupe de caractères. Elle se règle donc en sélectionnant plusieurs caractères.
• La graisse
Vous avez au moins l’habitude d’utiliser deux graisses, “Normal” et “Gras” mais il en existe beaucoup d’autres, notamment dans les polices de caractères à usage professionnel qui offrent une large gamme de graisses, d’Ultra Light à Extra Black.
• La chasse
En typographie, la chasse se définit comme la largeur de la lettre à laquelle on ajoute la largeur de l’espace qui la suit. Lorsqu’on fait varier la chasse, seule la largeur est impactée. La hauteur, elle, ne varie pas. Pour définir la chasse, on utilise les termes anglais. On dit d’une chasse faible qu’elle est “Condensed” et d’une chasse importante qu’elle est “Extended”.
• L’italique
C’est un attribut que vous devez connaître. Le texte est incliné d’environ 12° vers la droite. Mais attention, ce n’est pas simplement une version penchée de la police. Bien souvent, la police est entièrement redessinée pour l’attribut italique, comme vous pouvez le voir sur l’image suivante avec la police “Times”. Remarquez particulièrement le dessin de la lettre “a”. Quand un texte n’est pas en italique, on dit qu’il est “romain”.
• L’interlignage
L’interlignage est l’espace qui sépare deux lignes de texte. Dans le cas de textes longs, il faut veiller à choisir un interlignage qui ne soit ni trop faible (fatigue de l’œil), ni trop élevé (l’œil perd ses repères et saute des lignes ou relit des lignes déjà lues). L’impression générale qui se dégage d’une page de texte quand on la regarde de loin est appelée le “gris typographique”. Le gris typographique est sombre pour un interlignage faible et il est clair pour un interlignage important.
L’alignement des textes
C’est sans doute une notion que vous connaissez déjà, mais profitons-en pour voir un peu de vocabulaire.
• Justifié : l’alignement le plus classique. Esthétiquement plaisant, il faut cependant veiller à le configurer correctement pour éviter ce qu’on appelle des lézardes ou rivières. Ce sont des espaces blancs entre les mots qui s’enchaînent verticalement et qui font comme une fissure dans un mur.
• Aligné à gauche : l’alignement le plus utilisé après le justifié. Moins plaisant esthétiquement, des études montrent cependant qu’il est plus facile à lire que le texte justifié, les différentes longueurs de lignes fournissant des repères à l’œil.
• Aligné à droite : peu utilisé car contraire à notre sens de lecture. Mais cela peut justement créer de la surprise et de la dynamique dans une mise en page. Il est très utilisé pour des légendes d’images. On dit que le texte est ferré à droite et en drapeau à gauche, la fin des lignes, de différentes longueurs, formant comme un drapeau.
• Centré : très rarement utilisé pour les textes longs, il conviendra plutôt aux titres.
Les règles typographiques
Il existe en français un certain nombre de règles typographiques qu’il convient de respecter lors de la composition des textes. Certaines sont très connues, comme le fait de ne pas mettre d’espace avant une virgule, d’autres sont d’une utilisation plus aléatoire, comme l’abréviation de Monsieur en français, qui est “M.” et non “Mr.” correspondant à l’anglais Mister.
Je ne vais pas lister ici toutes les règles typographiques. Vous les trouverez sur Internet ou dans des ouvrages spécialisés, le plus utilisé en édition étant le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale. Il est indispensable de les connaître pour produire des compositions de textes de qualité.
Les formats d’image
• Bitmap
Les images bitmap sont des images composées de pixels. À chacun de ces pixels est associée une couleur. C’est le cas de la plupart des images, notamment les photos issues des appareils photo numériques ou des images numérisées par le biais d’un scanner. Les formats d’image bitmap les plus courants sont le BMP, le JPG ou encore le PNG. L’inconvénient de l’image bitmap est qu’elle ne peut pas être agrandie sans perte d’informations, ce qui se traduit visuellement par sa “pixellisation”, qui laisse voir les pixels composant l’image.
• Vectoriel
Les images vectorielles sont composées de courbes, de droites, de cercles, etc., qui sont régis par des lois mathématiques. Ainsi, vous pouvez redimensionner à l’infini une image vectorielle, ou zoomer à l’intérieur de celle-ci sans perte de qualité. Mais en contrepartie, la réalisation d’illustrations complexes sera fastidieuse. Le logiciel Illustrator permet notamment la création d’images vectorielles.
La couleur
Il existe deux façons de synthétiser les couleurs, la synthèse additive et la synthèse soustractive.
• La synthèse additive et le RVB
Dans la synthèse additive, les couleurs sont formées à partir de sources lumineuses Rouge, Verte et Bleue (d’où le nom du système, RVB). Ce sont les “couleurs primaires”. Donc, lorsque nous ajoutons des couleurs, nous ajoutons de la lumière. La couleur obtenue est plus claire. C’est ce procédé qui est utilisé pour la visualisation des couleurs sur les écrans d’ordinateur ou de télévision. Il permet de recréer la grande majorité des couleurs perçues par l’œil. Pour coder les couleurs, en informatique, on assigne à chacune des couleurs primaires des valeurs de 0 à 255, 0 étant le plus sombre et 255 le plus clair. Voici par exemple les réglages à appliquer pour obtenir un violet.
• La synthèse soustractive et le CMJN
Dans le cas de la synthèse soustractive, les couleurs sont formées à partir des encres Cyan, Magenta et Jaune. Cette fois, lorsque nous ajoutons des encres, la couleur devient plus sombre. Nous enlevons de la lumière donc nous parlons de synthèse soustractive. En théorie, en ajoutant les trois couleurs primaires en quantités égales, nous devrions obtenir un noir. Mais en pratique, l’œil verra plutôt un marron très foncé. Pour pallier ce problème, nous ajoutons une encre de couleur noire. C’est donc un système à quatre couleurs (quadrichromie) : Cyan, Magenta, Jaune et Noir (CMJN). Il permet de recréer un grand nombre de couleurs, mais en quantité moindre que le système RVB, en particulier les couleurs vives. Ce procédé est utilisé dans l’imprimerie, c’est pour cette raison qu’InDesign travaille par défaut dans ce système de couleurs. Il nous est ainsi garanti que les couleurs que nous utilisons dans nos mises en page seront imprimables correctement. Pour coder les couleurs en CMJN, nous assignons à chacune des couleurs une valeur de 0 à 100 %, soit de “pas d’encre du tout” à “couverture complète”. Par exemple, voici ce qu’il faudrait appliquer comme réglages pour obtenir le même violet que dans le système RVB.
La résolution
La résolution d’une image est le nombre de pixels par unité de distance, en l’occurrence le “pouce” (inch en anglais). Son unité est donc le PPI : Pixels Per Inch. Plus le nombre de pixels par pouce sera important, plus la qualité de l’image sera bonne, mais son poids sera également plus important. Bien souvent, le choix d’une résolution d’image est dicté par l’usage que vous souhaitez en faire. Pour des images destinées à être diffusées sur Internet, une résolution de 72 ppp suffit. Vous limitez ainsi la taille du fichier pour les échanges sur le réseau tout en garantissant une bonne qualité pour la visualisation sur écran. Pour l’impression, en revanche, il faudra des images de 300 ppp. Pour répondre à ces différentes utilisations, InDesign permet de choisir la résolution du fichier au moment de son export.