Des experts Photoshop révèlent leurs secrets derrière la création de paysages, créatures, véhicules et environnements SF. Découvrez comment améliorer vos propres images avec cette sélection d’astuces et techniques
01 Mélanger 3D et Photoshop
Eddie Del Rio
Cette illustration concept fait partie d’un projet personnel, ‘Speeder Mechs’. Del Rio avait en tête une intrigue avant de commencer à travailler sur des croquis préliminaires et de s’appuyer sur toutes les recherches qu’il avait rassemblées. “[À la fin de ces étapes], j’avais un modèle 3D (dans Maya). Je l’ai rendu avec un éclairage réaliste puis importé ce menu dans Photoshop. J’ai ensuite travaillé la théâtralisation et l’atmosphère pour donner un peu plus d’âme à ce rendu photoréaliste. À ce stade, j’ai aussi ajouté tous les détails d’arrière-plan et les personnages de la scène.
“Pour peindre du métal, il faut vraiment examiner le ciel et l’environnement, et peindre leurs reflets. Travailler avec un rendu 3D implique de faire face à beaucoup de détails, parfois trop, en particulier sur les réflexions. Je me retrouve souvent à corriger les détails. J’essaie surtout d’équilibrer l’aspect des réflexions pour qu’elles ne tuent pas le langage de forme que j’ai eu tant de peine à intégrer. Mon travail consiste à trouver dans l’histoire le design que fera ressortir un logiciel 3D, et c’est en général à ce moment qu’entrent en jeu mes compétences en peinture et sur Photoshop.”
02 Agir sur l’inspiration
Riyahd Cassiem
Riyahd Cassiem explique l’importance de chercher son inspiration pour créer des environnements extraterrestres. “Produire des compositions SF donne l’occasion de créer un univers basé sur l’imagination et de l’extrapoler. Puisez votre inspiration dans les sciences, la technologie, la biologie, la robotique, le design industriel, etc., mais aussi dans la science-fiction. Il y a de nombreux artistes et écrivains de science-fiction qui ont tout un spectre de matières à explorer. Pour en citer quelques-uns, H. R. Giger (Alien), Syd Mead (Blade Runner), Isaac Asimov (Les Robots) and H. G. Wells (La Guerre des Mondes). Ces artistes influents inspirent ma pratique.
“J’utilise une combinaison de sculptures 3D dans ZBrush, j’effectue le rendu dans KeyShot et le post-traitement dans Photoshop pour créer mes concepts. Photoshop m’aide à donner plus de vie aux rendus, dont des détails subtils qui aident à développer le concept et des éléments de design supplémentaires, des décalcos, des textures, des lumières et de l’atmosphère. Les textures sont importantes pour distinguer les différences entre matériaux et peuvent permettre de rehausser les détails. Peindre des détails sur le rendu à l’aide de textures photographiques et de formes de texture personnalisées permet de créer un aspect plus vieilli et usé si nécessaire. Cela permet d’avoir une bibliothèque de références, textures et formes personnalisées pour accélérer le workflow.”
03 Concevoir une scène SF
Johnson Ting
Ting est concept artist pour Passion Republic, un studio qui produit des jeux, des cinématiques et du contenu 3D. Il travaille dans le secteur en tant que professionnel depuis près de trois ans. Cette image fait partie d’une série d’artworks SF dans le fictionnel Neo Japan 2022, un projet personnel de Ting. Ici, l’artiste malaisien partage ses secrets de création de ses concepts à l’aide de références photo et des outils de Photoshop.
Trouver des références : généralement, je trouve des tonnes de références sur le sujet que je vais peindre. Pour cette pièce, je me suis appuyé sur la photo d’un lac. Je commence toujours en noir-et-blanc pour glisser rapidement les valeurs à coups de pinceaux et en utilisant correctement le Lasso.
Faire jaillir les couleurs : ensuite, je superpose des couleurs en utilisant divers modes de fusion dans Photoshop. J’ai nettoyé les contours et grossièrement esquissé certains vaisseaux dans le fond. À ce stade, il s’agit surtout de créer l’ambiance avant de passer aux détails.
Ajouter des détails : j’ai commencé à ajouter des détails dans la peinture : lumières sur le bâtiment principal, les ponts et montagnes, en essayant au mieux de préserver l’ambiance. Une fois la majorité des détails intégrés, j’ai accentué l’image et ajouté plusieurs filtres.
04 Secrets de détails et couleurs
Jeff Michelmann
Jeff Michelmann pense qu’il a trouvé le secret pour créer des desings SF saisissants, et voilà ce qu’il partage avec nous : “en ce qui concerne le space art, j’ai personnellement relevé deux aspects importants. Le premier est qu’il est préférable d’avoir un haut niveau de détails dans toute l’image. Ce n’est pas très intuitif, mais cela permet souvent de pimenter votre artwork et de lui offrir sa touche finale. Le second est de ne pas hésiter à utiliser des combinaisons de couleurs audacieuses pour créer des scènes oniriques. L’espace est immense avec de nombreuses possibilités, ne limitez pas votre créativité.”
05 Travailler avec de la 3D et des photos
Markus Vogt
Vogt travaille est graphiste professionnel depuis dix ans. Pour cette image, il a conçu sont design en trois étapes clés. La première : “créer, modéliser et rendre une scène en 3D.” De là, l’image rendue a été importée dans Photoshop et extraite à l’aide de la Couche alpha intégrée. Pour Vogt, Photoshop est devenu un ingrédient clé, l’exploitant pour “faire toutes sortes de post-traitements, changer le fond, améliorer l’éclairage et nettoyer.” Les ressources photo aussi étaient importantes, et cette scène a utilisé une image de Mars provenant de la NASA, et des textures de CGTextures.com.
06 Créer des concept designs
Mike Hill
Hill explique ses concept designs photoréalistes : “j’esquisse une idée directement dans Photoshop avec une tablette, en y insérant le travail au trait et des valeurs pour établir le contenu de ma scène. Ensuite, lorsque c’est approprié, je colle des photographies comme textures de base. J’utilise des outils comme la Déformation de la marionnette pour déformer certains types d’images (comme les réflexions sur la visière) puis je peux peindre les détails restants en restant plus lâche. Pour les contours qui ont besoin d’une vraie définition, j’utilise le Lasso polygonal pour créer une sélection dans laquelle peindre. Cela préserve la netteté des contours pour empêcher un effet duveteux. »
07 Utiliser des références
Arnaud Valette
La science-fiction est souvent moins de l’invention que de la ré-invention. Arnaud Valette explique : “avant de créer une image, la première étape consiste à rassembler des références autour de l’idée que vous avez en tête. Les meilleures références sont les photos issues d’internet ou d’un shooting photo antérieur. Il faut réfléchir à la technologie qui pourrait être nouvelle et réaliste dans le monde [que vous créez]. Il faut pour cela des éléments contemporains dans votre image, pour éviter spectateur ne soit déboussolé. Une fois l’idée croquée, j’utilise Photoshop pour ajouter des textures ou photos.”
08 Créer des effets de brillance
Clinton Felker
Avec quinze ans d’expérience, Felker connaît une chose ou deux sur la création d’images SF percutantes. Cette image, Gaiden Inferno, est un visuel pour le jeu de shoot en top-down Steel Girl, édité en 2014 par PolySauce. “Je me suis servir de Photoshop CS5 et d’une Wacom Intuos5. Je ne voyais rien d’autre. Photoshop dispose d’excellents outils pour l’esquisse et la peinture et c’est bien plus efficace d’avoir ses outils au même endroit. Avec toutes les améliorations apportées par Adobe ces dernières années, j’utilise moins de logiciels tout en parvenant à des résultats identiques, voire meilleurs. Dans cet artwork, ce sont les effets de brillance qui ressortent : “Généralement, je m’occupe des reflets et rehauts en dernier. J’aplatis mes créations, j’en fais une copie et avec un Pinceau en mode Incrustation, je commence à peindre avec du blanc ou des teintes très claires. J’ai peint les halos à la main et joué avec les [modes] Superposition et Incrustation.”
09 Peinture commerciale
Tobias Roetsch
Ces images ont été conues pour Aidan Fraser (artistes aux effets spéciaux pour King Kong et Star Wars : Épisode III), qui cherchait un concept artist pour son court métrage de science-fiction, Space Out. Les images se sont transformées en matte paintings utilisés dans le film. Roetsch utilise un mélange d’outils Photoshop pour créer ses designs : “si je devais nommer mes outils préférés, je partirais sur le Pinceau, le Tampon de duplication, le Correcteur localisé et les outils de transformation (surtout Déformation). Mais seule leur combinaison fait de Photoshop ce logiciel si puissant.”
Il suggère que les peintres SF en herbe prennent leur temps pour développer leurs techniques : “pour les paysages spatiaux SF, c’est comme pour n’importe quel artwork : il faut être patient et essayer de développer ses techniques pas à pas. On ne peut pas s’attendre à lire un tutoriel et sortir directement des images de qualité professionnelle. La plupart du temps, l’art est un processus d’apprentissage lent. Pour les images SF, mieux vaut apprendre certaines anecdotes sur l’univers, par exemple. Cela peut être utile pour l’échelle et la distance.”
10 Rester cohérent
Paul Chadeisson
Strike Vector est un jeu de shoot aérien à la troisième/première personne qui est distribué par Steam (www.steamcommunity.com) depuis 2014. Paul Chadeisson est l’un des huit développeurs sur le titre à l’ambiance old-school particulière, rappelant des jeux comme Crimson Skies, Quake 3 ou Unreal Tournament. Cette image fait partie de l’artwork de pré production du titre et présente un énorme aéroport pour soutenir les importants échanges commerciaux de l’univers de Strike Vector. Chadeisson s’appuie sur Photoshop pour créer le concept art qu’il destine au jeu.
Une partie du défi, lorsqu’on travaille sur un jeu comme celui-ci, consiste à s’assurer que chaque image est cohérente avec les autres de la série, pour qu’elle soient proposées comme un tout. “C’est difficile de conserver un aspect cohérent dans une série, parce que pour chacune, vous aurez appris des précédentes et vous aurez plus d’idées.” Pour surmonter cela, une fois une série complétée, c’est important de revenir aux premières peintures effectuées et de les améliorer pour les adapter aux plus récentes.
11 Utiliser les bons outils pour le bon travail
Jianli Wu
L’image de robot ci-dessus a été conçue avec le Pinceau, le Lasso et des calques de réglages pendant la phase de mise en couleurs. Pour peindre des personnages SF, Jianli Wu suggère : “testez avec différents outils de Photoshop pour vous familiariser avec leurs fonctionnalités. Être capable d’utiliser les bons outils avec les réglages adéquats déploie la grande flexibilité offerte par Photoshop. Elle permet aux artistes de modifier et affiner leurs idées à peu près à n’importe quel stade du travail.”
1 Flou et netteté
Pendant la phase de post-traitement, on applique des filtres de flou et de netteté pour renforcer le réalisme visuel. Pour le flou, j’utilise généralement le filtre Flou de l’objectif ; pour le sujet principal, le filtre Accentuation est utile pour offrir différents réglages et un meilleur contrôle manuel de l’effet
2 Densité couleur –
Utiliser Densité couleur – permet de parvenir à des rehauts et des zones spéculaires réalistes pour les matières métalliques, mais attention à ne pas trop en faire. Un calque Densité couleur – est aussi pratique pour ajouter des effets de lueur
3 Ajouter de la texture aux détails
Même si les matériaux métalliques sont doux et semi-réfléchissants, il reste important d’utiliser les fonctions Forme double et Texture dans le panneau Forme pour réussir ces subtils effets de bruit pour un meilleur réalisme. La majorité du personnage a été peinte avec l’option Forme double
4 Répéter des éléments de design
Certains éléments de design peuvent être répétés avec le Tampon de duplication. En l’appliquant au hasard dans l’image, on peut relever des designs et alternatives de composition intéressantes. Dans cet exemple, le design sur le torse du personnage est très proche de celui sur sa cuisse
12 Travailler à partir d’un brief
Dennis Chan
Dennis Chan a l’habitude de travailler à partir d’un brief client, comme il l’explique : “si j’ai une idée ou une brève description d’un client, je commence généralement par quelques croquis rapides. Les croquis peuvent prendre la forme de dessins au trait, sinon je commence à peindre grossièrement au Pinceau avec une pointe arrondie standard ou personnalisée. Mon outil principal est le Pinceau, le deuxième est le Lasso polygonal et en troisième vient le Doigt. Je passe régulièrement de l’un à l’autre quand je peins.”
13 Créer des couleurs vibrantes
L’image Island Dock par Macie Rejbisz est une version rafraîchissante des images SF sombres et glauques que nous avons l’habitude de voir. Il nous raconte comment il a réussi à obtenir des couleurs aussi vibrantes dans l’artwork : “je commence par un fond lumineux et saturé, puis je peins tout vers le premier plan. Dans les clichés de paysages comme celui-ci, le fond est aussi le ciel, et cela affecte toute la palette de couleurs de l’image. Quand on commence par un fond sombre, généralement on finit sur une note terne, il faut donc faire le contraire pour obtenir des couleurs lumineuses et vibrantes. Il faut aussi garder un œil sur les niveaux de saturation. Si la création commence à paraître boueuse, effectuez quelques réglages de couleurs et ajoutez quelques couleurs saturées pour lui redonner vie.”
L’image commence par un croquis. J’aime concevoir mes formes en peignant une forme large et en effaçant autour des contours, c’est comme sculpter en supprimant le matériau superflu.
Après quelques ajustements, j’ai utilisé des textures pour ajouter plus de détails aux structures. Ensuite, je les ai repeintes pour les mélanger un peu mieux aux autres éléments.
J’ai effectué toutes les corrections colorimétriques en ajoutant quelques calques de réglage comme Balance des couleurs et Courbes.
14 Mêler éléments traditionnels et modernes
Marta Nael
Cette image rassemble le passé et le futur dans une scène, et cela se reflète dans le style et la méthode. Nael explique : “j’ai mélangé des textures photos et de la peinture. J’ai commencé par un document vierge et commencé à peindre, d’abord en niveaux de gris. J’ai ensuite utilisé la Courbe de transfert de dégradé pour ajouter de la couleur. Ensuite, j’ai créé un nouveau calque en mode Couleur et [commencé] à ajouter des touches de couleurs. Sur un autre calque en mode Normal, j’ai commencé à peindre de la couleur pour rendre l’image. Une fois l’image bien définie, j’ai utilisé des textures mélangées avec la peinture précédente en passant le mode de fusion sur Lumière tamisée pour finaliser le réalisme.”
15 Utiliser efficacement l’éclairage
Ned Rogers
“Il faut que l’éclairage implique vraiment le spectateur dans la scène”, explique Rogers, “vous devez donc être sûr de choisir un éclairage qui permette de diriger le focus vers les zones importantes de l’image. La lumière fera ressortir les détails fins d’une zone, il faut donc que ces détails soient les plus importants pour raconter la bonne histoire dans vos images. Le type d’éclairage est lui aussi important. Si vous savez comment la brume et les nuages affectent la façon dont voyage la lumière dans un environnement, vous pouvez créer un ressenti complètement différent d’un éclairage direct sur tous les éléments.”