“La manière de communiquer est en train de changer, nous passons d’un Web fondé sur le texte à un autre basé sur l’image. C’est très excitant de participer à ce mouvement, de donner aux gens des outils afin de stimuler leur créativité.” Kevin Systrom, directeur général d’Instagram, dans un entretien pour les Echos, Mars 2015. Cette phrase, qui ne semble à première vue pas révolutionnaire venant du directeur général d’Instagram, a pourtant un sens très particulier.
Pourquoi rien de révolutionnaire ? Car Kevin Systrom prêche pour sa paroisse et qu’il a parfaitement raison quand il s’agit de mobile. Nul n’est besoin de faire des recherches approfondies pour comprendre que l’UX mobile est avant tout une affaire de visuel et d’interface simplifiée.
Dès lors, oui, si une appli est une sorte de portail vers un mini site mobile, alors le Web est image. Mais arrêtons-nous sur ce point, car Kevin Systrom ne parle pas que de Web mobile. Il souligne deux choses : le partage et le Web en général.
Le partage. Encore une fois, la notion est simple. Avec l’augmentation de la bande passante, la somme de data partagée sur mobile rattrape jour après jour le partage sur écrans dits fixes. Aujourd’hui, il ne s’agit plus uniquement de partage d’images mais de vidéos : en 2015, 38% des vidéos lues le sont sur mobile d’après une étude menée par Ooyola.
Nous arrivons ici à une dernière notion, sûrement la plus intéressante de sa citation : le Web est image. Et développons un penchant particulier de ce Web, le search.
Tout d’abord, nous vous invitons à aller jeter un oeil ici : http://www.internetworldstats.com/stats7.htm
Entre autres statistiques obscures sur les Internets, on remarque que les Français capables de lire la langue de Shakespeare sont en contact potentiel avec à peine plus de 31% de la population totale d’Internet.
Ça vous semble beaucoup si nous vous disons que cela représente plus de 870 millions de contacts potentiels, mais en réalité ce n’est rien. Rien face au Web de l’image.
La langue reste une barrière certaine à l’information. Certes, Google Translate a facilité l’accès à l’information en langue étrangère de manière significative. On peut estimer à 400 millions par an le nombre d’internautes qui utilisent Google Translate – mais quiconque comprendra vite qu’une recherche traduite n’équivaut en rien à une recherche d’une personne écrivant parfaitement la langue.
La recherche par l’association d’image pourrait bien être un levier intéressant pour garantir une transparence totale du Web pour le consommateur.
La recherche d’une image ou d’une information à partir d’une image est certes déjà possible, mais est-ce intuitif ? Ou plutôt, Google le rend-il intuitif ? Et est-ce mobile ?

Pas assez pour le moment. Google privilégie pour l’instant la voix pour le search mobile et donc la retranscription en mots, donnant ainsi accès à une recherche aisée pour l’utilisateur (55% des adolescents américains reconnaissent utiliser la recherche vocale de Google au moins une fois par jour), mais pas forcément des plus ouvertes.
Cela dit, comme vous pouvez le lire dans cet article (en anglais), la reconnaissance d’objets par une caméra – potentiellement mobile – est quasiment au point. Cela veut dire que dans un avenir très proche, il sera possible de ne plus uniquement chercher sur Google par la voix mais aussi par l’appareil photo de votre mobile. Autrement dit, ce que vous voyez, vous pouvez le chercher même si vous ne savez pas le nommer.
En termes de théorie des graphes, cela veut dire que votre recherche va s’ouvrir sur l’ensemble d’Internet sans regard sur votre langue de recherche et que vous aurez donc accès à 100% des contenus. À charge ensuite pour Google de vous le retraduire.
Cela veut aussi dire que le tag des pages Internet pourra se faire davantage sur l’image et donc que votre recherche pourra être bien plus pointue. En effet, Google pourra vous situer dans le contexte de la prise de vue, mais aussi prendre en compte vos préférences utilisateurs si vous êtes connecté à votre compte Google.
Et finalement, cela signifie que le référencement naturel de Google comprendra de plus en plus de données image.
Comme le dit Kevin Systrom, le Web devient donc en effet image, et ce car le Web et surtout le search deviennent avant tout mobile.
Image du haut : tulpahn / Shutterstock.com