Le concepteur graphique Thomas Porostocky, fondateur de l’agence de création TOM, est convaincu du pouvoir de l’infographie. Lorsqu’il en parle, on perçoit immédiatement l’enthousiasme dans le ton de sa voix. Il a aussi un réel talent pour cet art.
Après avoir collaboré avec Wired, le New York Times, Nike, IBM et bien d’autres encore, Thomas Porostocky est très recherché pour sa capacité à créer des visuels efficaces et esthétiques qui rendent des informations et processus complexes facilement compréhensibles.
Shutterstock a rencontré l’artiste qui leur a parlé de son art : la valeur de l’infographie, son approche personnelle et aussi quelques conseils pour donner plus d’impact à vos propres créations.
Pourquoi l’infographie est si séduisante ?
Nous vivons une époque caractérisée par une surabondance d’informations. Les humains produiront au cours des cinq prochaines années, plus de données qu’ils n’en ont généré en 5 000 ans d’histoire. Une grande part de ces informations revêt de l’importance pour le grand public, mais les données seules peuvent être rebutantes ou ardues à comprendre et restent souvent ignorées. Selon Thomas Porostocky, c’est précisément ici que doit intervenir l’infographie.
« L’infographie permet de représenter une grande partie de ces idées de manière intelligible » déclare-t-il. « Donner du relief aux données est vraiment difficile, mais si vous les présentez de façon un peu plus accessible, un peu plus élégante, vous verrez qu’elles deviennent immédiatement plus intéressantes. »
Tout commence avec les données et finit avec les images.
Lorsqu’il traite un projet d’infographie, Thomas Porostocky part toujours des données brutes fournies par le client. Viennent ensuite les questions essentielles qui lui permettent de mieux exploiter les informations dont il dispose : « Qu’est-ce que j’essaie d’expliquer ? Qu’est-ce que j’essaie de montrer ? Quelle est l’idée principale ? Quel est le noyau central que nous essayons de transmettre ? »
Il procède ensuite au tri et à la simplification des informations, sans trop de détail. « Si vous éliminez 80 à 90 pour cent des données, vous arrivez au cœur de l’information qui vous intéresse » explique Thomas Porostocky. Cela ne signifie pas que vous pouvez vous passer des données. En réalité, souligne-t-il, la précision est cruciale et vous devez systématiquement citer vos sources.
Raconter une histoire.
Sur ce thème, Thomas Porostocky est vraiment intarissable. « Avec la visualisation de données et l’infographie, vous devez raconter quelque chose. S’il n’y a pas d’histoire, où est l’intérêt ? Le reste se résume à des données brutes. C’est l’histoire qui vous permet de vous détacher du lot. Si elle est facile à mémoriser et intéressante, les gens s’en souviendront. »
Selon Thomas Porostocky, les concepteurs graphiques doivent non seulement se concentrer sur l’histoire, mais encore chercher le meilleur moyen de la rendre intéressante et accessible au public.
La force des détails visuels
Les productions de Thomas Porostocky se distinguent des autres grâce à cette touche personnelle qui constitue presque une signature. Il fait souvent appel à la perspective isométrique, à l’inclinaison ou encore aux éléments de conception en 3D qui sont pratiquement devenus l’un de ses traits caractéristiques.
Mais il ne s’agit pas simplement d’un caprice ou d’une mode. « Je suis attiré par ce style 3D et j’aime l’idée de pouvoir montrer les choses d’une manière différente, en me détachant de la traditionnelle illustration plate en 2D. Un banal histogramme ou diagramme à secteurs attire plus facilement l’attention des utilisateurs si vous y ajoutez un peu de profondeur ou une touche d’originalité. »
Les 3 piliers de l’infographie
Pour Thomas Porostocky, le concepteur d’infographie doit toujours insister sur trois points dans son travail : « Tout d’abord, l’aspect esthétique attrayant, parce que le public doit avoir envie de regarder votre création ; ensuite, le sens, parce que le public doit comprendre le message que vous transmettez » explique-t-il. « Et pour finir, le public doit se rappeler ce que vous lui montrez. Si votre production répond à ces trois critères, il y a de fortes chances qu’elle soit de bonne qualité. »
L’avenir de l’infographie
Thomas Porostocky considère que l’infographie en est encore à ses balbutiements. Selon lui, la phase suivante de son évolution portera sur l’interactivité. Il l’exprime en ces termes : « On commence tout juste à voir les créations fleurir sur des plates-formes où elles interpellent vraiment le public. »
Il cite également Reshaping New York (L’évolution de New York) et One Race, Every Medalist Ever (Une course, tous les médaillés de l’histoire), deux créations récentes du New York Times pour illustrer ses propos.
« J’aime la façon dont ils ont intégré les informations et le graphisme en un tout indissociable. Ici, pas de légende ou de bloc indépendant. Les données sont totalement intégrées à l’animation et à l’histoire » explique-t-il. « On obtient un ensemble harmonieux mêlant technologie, contenus concrets et effets visuels efficaces. Tout à fait digne du New York Times. »
Pour Thomas Porostocky, il est clair que l‘infographie est bien plus qu’une simple technique moderne de présentation des données. Il s’agit plutôt d’un nouveau support capable de modifier notre façon de raconter des histoires. On décèle même une certaine excitation enfantine dans sa voix lorsqu’il déclare : « J’ai hâte de voir ce que nous réserve l’avenir et j’ai envie de trouver de nouvelles idées et des moyens d’innover. »
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